Pourquoi on juge ?

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Au sein des groupes, des différences se marquent

Dans la nature, le prédateur qui s’attaque à un troupeau choisira toujours un individu qui lui semble dissemblable des autres. Il tentera de préférence de se saisir une bête malade, trop jeune pour se défendre ou trop vieille pour suivre la fuite de ses congénères, bref une bête dont la différence attirera son attention.

L’homme, émergeant de son état animal, resta profondément marqué par cet instinct de survie. Progressivement, au fil de son évolution, il le transposera dans son nouvel environnement, tribal d’abord, ensuite dans des organisations sociales de plus en plus sophistiquées. Depuis la nuit des temps, ce réflexe restera néanmoins profondément inscrit dans ses gênes.

Le groupe humain actuel fonctionne toujours à la semblance d’un troupeau. Celui qui est en son sein, est identique aux autres, bouge comme eux, pense comme eux. Bref, il est immédiatement reconnaissable comme un membre de celui-ci et a donc moins de chance d’attirer l’attention. C’est une sorte de camouflage. Le vieil adage dit : pour vivre heureux, vivons caché ! Et où peut-on être le mieux caché que dans la masse ?

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Notion de groupe

Une habitude qui remonte à loin.

Le groupe, le premier pas vers le jugement.

Cet instinct de survie n’est pas seulement la conséquence d’avoir été une proie. Il est progressivement devenu actif. L’intelligence est la meilleure arme que l’homme n’ait jamais eut à sa disposition. Il y a plusieurs utilisations possibles de cette intelligence. Celle pour le bien du groupe et celle qui est personnelle. Du coup, il a rapidement été nécessaire que le groupe impose une série de règles à ses membres pour que tout se passe pour le mieux. De ces règles ont immédiatement émergé deux notions premières : le « nous » opposé à « l’autre ». Le « nous » définit le groupe humain, quel qu’il soit. « L’autre » par contre stigmatise celui qui est différent, qui ne fait pas partie de cette « tribu » et qui donc, sans le vouloir, menace son fonctionnement.

Évidemment, le système est interactif. Le groupe nous protège parce que nous protégeons le groupe et inversement. Un pour tous et tous pour un. L’union fait la force. Du coup, ce n’est plus le « groupe » qui rejette « l’autre ». Ce sont chacun des membres de celui-ci, individuellement, qui s’en chargent.

Actuellement, la bonne santé économique et sociale d’un groupe humain se calcule au nombre des marginaux qu’il tolère en son sein. Plus les conditions de vie deviennent difficiles et moins ceux-ci y sont acceptés. Le groupe pour garder ses avantages se débarrasse de ses scories. De même, en des temps plus durs, les vieux et les malades, affaiblissant le groupe, se virent rejetés.

Se retrouver dans la position de « l’autre », volontairement ou parce qu’un élément que vous ne contrôlez pas vous désigne comme tel, est bien évidemment dangereux. Être à l’extérieur peut, suivant l’humeur du groupe que vous rencontrez, se transformer rapidement en devenir le bouc-émissaire.

Faire partie du « nous » implique également des obligations. Il induit un comportement en accord avec les règles non dites du groupe. La plus élémentaire d’entre elles est de se conformer à l’attitude de celui-ci, de participer à la dynamique du groupe, ce qui implique de faire front avec ses autres membres pour rejeter « l’autre ».

La tribu est aujourd’hui encore là, même si elle a perdu son sens premier. Au long de la journée, on peut faire partie de plusieurs « nous » différents. Du groupe de ceux qui dans sa classe aiment une certaine musique, d’un groupe d’avis politiques, des supporters d’une équipe sportive, d’une bande d’amis qui ensemble sortent le soir, etc… Le groupe, le « nous », ne se définit que par la réunion d’une partie plus ou moins importante de ses membres. L’endroit et le moment n’y font rien.

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Juger pour se sentir supérieur

Pointer les problèmes des autres pour ne pas gérer les siens.

Apprends a connaître avant de juger.

Le groupe, puisqu’il réunit des individus ayant choisi d’avoir le même comportement, est une zone de confort. Tant qu’ils ne se remettent pas en question en tout cas, tant qu’ils se contentent de cette identité d’emprunt.

Les individus en renforçant l’identité du groupe auquel ils appartiennent perdent une part de la leur. La sécurité qu’ils gagnent dans le « nous » rassurant est en fait payé au prix le plus cher : la dissolution de l’identité de l’individu, l’appauvrissement du « moi ».

En échange, l’individu reçoit du groupe le droit « d’hurler avec les loups ». Le renforcement de l’identité du « nous » passe par le dénigrement de « l’autre », de celui qui n’est fait pas partie. Ce rite de renforcement du « nous » rassure d’autant l’individu qui y participe. Si bien que la part de personnalité qu’il y perd lui semble largement compensée par l’assurance qu’il y gagne.

La société, dans tous ses aspects, politique, commerciale, sociale, n’hésite pas à jouer sur nos instincts les plus primitifs. Notre besoin d’identification à un groupe désirable et la fabrication de l’image emblématique qui y correspond est l’un de ses moyens d’action les plus efficaces.

La société et particulièrement la publicité fait sans cesse miroiter qu’on pourrait être identifié comme appartenant à des classes sociales supérieures, à des groupes humains désirables. Pour cela, il faut se conformer à l’apparence de ceux-ci, en acquérir les accessoires de prestige : voiture, vêtements, look, vacances, etc… Parce que je le vaux bien ! Les hommes savent pourquoi ! An other one drive the Duster ! Etc…

Les frustrations ressenties par l’impossibilité de se conformer à tous ces incitants, à acquérir tous les objets marquant notre appartenance à de nouveaux groupes/statuts, ne peuvent s’exprimer que dans le mépris de ceux qui d’évidence n’appartiennent pas à ceux-ci. Nous nous approprions une image, un statut, désirable en rejetant ceux qui n’en font pas partie.

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Accepter sa différence

comprendre pourquoi on se fait moquer

Le groupe, le premier pas vers le jugement.

Est-ce une honte ? Probablement pas. Pourtant, « l’autre », que nous sommes tous, n’a pas à rougir de son intégrité, au contraire. Être soi-même ne sera jamais un défaut, même si la norme d’un quelconque groupe, aussi désirable soit-il, ne correspond pas à ce que nous sommes. On ne peut retirer à l’individu ce qui fait sa personnalité, son authenticité.

Une force réelle réside bien dans celle-ci et non dans le fait de se perdre dans la masse. Une prise de conscience reste cependant nécessaire afin de transformer sa différence en force. Les personnalités que nous admirons pour leur originalité, leur individualité, ne sont pas des produits du groupe. Ce sont des individus ayant transformé leurs différences en force. Ayant sublimé, ce qu’on aurait pu critiquer comme des défauts, en qualités.

Celui qui réussit à sortir de la chrysalide de « l’autre » pour assumer son « moi » abouti devient d’office une sorte d’icône pour les gens en quête d’un nouveau « nous ». Le risque pour celui réussissant cette transformation est bien de devenir le centre d’un groupe qui risque de l’étouffer. Le pouvoir qu’un groupe donne à son leader est à double tranchant.

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Accepter la critique de l'autre

une critique n'est pas que négativité

La critique peut t'écraser, il faut savoir l'accepter.

Elle est le reflet d’un point de désaccord entre deux personnes. Il ne faut pas confondre entre deux personnes et entre un groupe et une personne. Le rapport de force est très différent. Ce qu’on accepte d’un individu est plus important que ce qu’on est prêt à tolérer d’un groupe. Quel que soit le message, il y a bien plus de chance qu’il soit agressif de la part d’un groupe.

Il est, bien entendu, nécessaire à celui qui reçoit la critique de bien analyser le message que lui envoie l’autre. Une critique peut ne pas être une attaque, mais au contraire se révéler constructive.

Encore faut-il que la personne recevant cette critique ne soit pas trop sur la défensive pour pouvoir en comprendre le contenu sereinement.

Toute critique, si elle est entendue et acceptée, suppose une remise en question. Cependant, celui qui reçoit la critique doit se demander si celle-ci lui est d’une quelconque utilité. Y a-t-il un message constructif à en retirer ?

En cas de réponse positive, il est peut-être temps de faire un travail sur soi et de faire évoluer sa personnalité.

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Briser le cercle vicieux

on juge par manque de confiance

Apprends a connaître avant de juger.

Accepter sereinement la critique des autres ne peut que faire grandir ta confiance en toi. De plus si celle-ci visait à te blesser, cette attitude désamorce complètement les attaques mesquines.

Le but final à atteindre est bien évidemment d’être en paix avec toi-même et le regard des autres. Cette base saine atteinte, on peut continuer de s’améliorer.

Et si parfois on fait encore partie de groupe et qu’on a tendance a utiliser la pensée propre au « nous », il faut, comme un réflexe, se souvenir de la souffrance qu’on a subie lorsque parfois on était « l’autre ». Arrêter de juger soi-même c’est aussi briser le cercle.

Parallèlement, il ne faut pas non plus exclure systématiquement le groupe. Mais au lieu d’appartenir uniquement à l’un d’eux, dis-toi que tu appartiens à une multitude d’entre eux. Tous avec des valeurs différentes, composées d’individus différents. Tu es un individu riche et composé de reliefs. Appartenir à un groupe n’exclut pas forcément les autres. Tout est compatible.

Où mettre notre grain de sel ?

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