Cet instinct de survie n’est pas seulement la conséquence d’avoir été une proie. Il est progressivement devenu actif. L’intelligence est la meilleure arme que l’homme n’ait jamais eut à sa disposition. Il y a plusieurs utilisations possibles de cette intelligence. Celle pour le bien du groupe et celle qui est personnelle. Du coup, il a rapidement été nécessaire que le groupe impose une série de règles à ses membres pour que tout se passe pour le mieux. De ces règles ont immédiatement émergé deux notions premières : le « nous » opposé à « l’autre ». Le « nous » définit le groupe humain, quel qu’il soit. « L’autre » par contre stigmatise celui qui est différent, qui ne fait pas partie de cette « tribu » et qui donc, sans le vouloir, menace son fonctionnement.
Évidemment, le système est interactif. Le groupe nous protège parce que nous protégeons le groupe et inversement. Un pour tous et tous pour un. L’union fait la force. Du coup, ce n’est plus le « groupe » qui rejette « l’autre ». Ce sont chacun des membres de celui-ci, individuellement, qui s’en chargent.
Actuellement, la bonne santé économique et sociale d’un groupe humain se calcule au nombre des marginaux qu’il tolère en son sein. Plus les conditions de vie deviennent difficiles et moins ceux-ci y sont acceptés. Le groupe pour garder ses avantages se débarrasse de ses scories. De même, en des temps plus durs, les vieux et les malades, affaiblissant le groupe, se virent rejetés.
Se retrouver dans la position de « l’autre », volontairement ou parce qu’un élément que vous ne contrôlez pas vous désigne comme tel, est bien évidemment dangereux. Être à l’extérieur peut, suivant l’humeur du groupe que vous rencontrez, se transformer rapidement en devenir le bouc-émissaire.
Faire partie du « nous » implique également des obligations. Il induit un comportement en accord avec les règles non dites du groupe. La plus élémentaire d’entre elles est de se conformer à l’attitude de celui-ci, de participer à la dynamique du groupe, ce qui implique de faire front avec ses autres membres pour rejeter « l’autre ».
La tribu est aujourd’hui encore là, même si elle a perdu son sens premier. Au long de la journée, on peut faire partie de plusieurs « nous » différents. Du groupe de ceux qui dans sa classe aiment une certaine musique, d’un groupe d’avis politiques, des supporters d’une équipe sportive, d’une bande d’amis qui ensemble sortent le soir, etc… Le groupe, le « nous », ne se définit que par la réunion d’une partie plus ou moins importante de ses membres. L’endroit et le moment n’y font rien.